Source : Ouest-France.
Il y avait deux plages naturistes, il n’y en a plus qu’une ! La Ville de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), a sévi, après la plainte de riverains et promeneurs. Contre-attaque des adeptes, avec une pétition.
C’est une romantique petite crique, blottie en bas des rochers, entre Saint-Nazaire et Pornichet. Plus intimiste que sa voisine, la grande zone naturiste des Jaunais, la « Petite Vallée » accueillait, depuis des années, les adeptes de baignade… dans le plus simple appareil.
Avec La Turballe et Préfailles, Saint-Nazaire est la troisième ville de Loire-Atlantique autorisant, depuis maintenant deux décennies, la pratique du naturisme sur certaines de ses plages. À titre de comparaison, en Vendée, on peut bronzer sans maillot dans sept communes.
En juin, la zone naturiste littorale du département a perdu du terrain. L’arrêté municipal a été pris par les élus de Saint-Nazaire. Désormais, les baigneurs tout nus ne sont plus les bienvenus que sur une seule plage : les Jaunais.
Les criques d’à côté, qui n’étaient pas toutes officiellement naturistes, sont redevenues des plages traditionnelles. « Au fil des années, la pratique s’était étendue sur toute la plage et les textiles se sont sentis exclus, justifie Patrice Bulting, adjoint au maire. C’est une question de vivre ensemble, et là, ce n’était plus possible. »
Pour informer les usagers, de nouvelles pancartes (bilingues), ont été installées : la zone autorisée y est clairement identifiée, plus d’erreur d’orientation possible.
Mais sur le chemin qui longe la plage, pas sûr que cette signalétique suffise à calmer les ardeurs. La municipalité a tapé du poing sur la table aussi, car « le sentier côtier était devenu un spot de rencontres avec… des débordements importants. On a eu de nombreuses plaintes de riverains et de promeneurs en mairie, relatives à d’autres pratiques, pas seulement naturistes », révèle l’élu, un brin embarrassé.
Car si la plage était nudist friendly, ce n’est pas le cas du chemin qui y mène, emprunté par les randonneurs comme les familles, en route vers le sémaphore militaire de Chemoulin. Tous ces loisirs ne faisaient pas toujours bon ménage.
Côté pratiquants, c’est l’incompréhension. Si Michel Delise, de l’association naturiste de la Côte d’Amour, reconnaît l’existence de dérapages et d’usagers qui « imposent leur nudité », d’autres adeptes n’avalent pas la pilule.
Une pétition a même été envoyée au maire de Saint-Nazaire, avec des signatures de la France entière. La fédération française de naturisme en Pays de la Loire regrette aussi de ne pas avoir été prévenue de cette décision, tandis que Philippe Jeannot, de l’association Abold’rnat, espère que la mairie de Saint-Nazaire reviendra sur sa décision.
Mais pour cette dernière, c’est hors de question. La cité portuaire renvoie la balle aux autres communes du littoral : « S’il y avait suffisamment de plages naturistes en Loire-Atlantique, on n’en serait pas là. »
Depuis l’arrêté municipal, la police nationale a déjà verbalisé une petite dizaine de personnes. Prix à payer pour l’oubli du bikini : 38 €.