Ma première randonnue Bretonne ...
Il est 9 heures, je suis en retard. Qu'ai-je bien pu oublier? Ma tête est bien sur mes épaules? C'est bon! je peux y aller.
Direction, le centre Bretagne, dans la région de Brocéliande, au pays des fées et des farfadets.
Sur la route, un nuage de brume hante les pâtures et transforme les petits bois en nids perchés sur un coussin de coton blanc.
Je me dis que je vais avoir froid, alors, j'allume France info pour l'oublier. Au bout de la route, le rendez-vous avec les trois autres participants.
Les présentations faites, on emmène une première voiture au point d’arrivée avec les piqueniques, et on file au point de départ un peu distant, avec une seconde voiture. Toute une organisation ! Oui, mais pas de sac à porter.
Nous voilà donc partis pour quatre heures de randonnue autour d’un étang tout en longueur et boucles, le long de son ruisseau nourricier, soit dans un sous-bois, soit sur des crêtes de mousses fleurie.
C’est ma première randonnue "organisée", et ils ont une bonne tête les gaillards, avec beaucoup d'humour, je sens qu'on ne va pas s'ennuyer. Je ne connais personne, mais le sentiment de l’intrus n‘est pas de mise ici, nous sommes tous nus et tous humains, il n‘y a pas d‘intrus. Aussi, je préciserais seulement qu’il avait un "Cro-Magnon", qui avait décidé de réaliser entièrement le parcours pieds nus, j’ai nommé ( pour qu’il se reconnaisse ) «Monsieur» l’homo-sapiens sapiens, organisateur de cette superbe randonnue au cœur d’une nature flamboyante.
Sur notre parcours, nous ne croiserons qu’un seul jeune homme qui faisait un footing. Nous avons été surpris au détour d’une grosse pierre, et tout en enfilant le short de courtoisie, nous l’avons salué, et il fit de même, surement plus surpris que nous. Un peu plus loin, lors d’un court passage devant une ferme, le propriétaire nous a observés comme quatre extraterrestres terrestres et torse-nus !
Je me serais bien transformé en neurone pour connaître le fond de sa pensée.
Très peu de rhabillages, trois je crois, et que du bonheur : celui de greloter au départ à ne plus pouvoir marcher droit, puis celui de se réchauffer instantanément dès que le soleil perçait les feuillus très nombreux en ce lieu. Le plaisir de sentir des odeurs de mousses fraiches et de terreaux de feuilles, de marcher sous le chant des oiseaux, avec le doux clapotis d’un petit ruisseau, où parfois nous pouvions apercevoir des vasques, des petites chutes et de véritables cascades ( à son échelle bien-sûr ), et surtout celui de pouvoir être nu, sans être enfermé dans un centre ou entre deux panneaux d’interdiction sur une plage. Sentiment de liberté indescriptible.
L’harmonie parfaite entre la nature et l’homme peut-elle se présenter avec des vêtements ?
Non. Le contact ne peut qu’être faussé quand le tissus empêche de sentir ce vent si frais, et ce soleil si réchauffant.
Et pieds nus, on sent aussi les épines de ronces et de houx tout en évitant les châtaignes… aïe!
Retour à la voiture n°1 ( tout le monde suit? ), on prend les sacs, et on trouve un endroit ensoleillé pour se poser nu et prendre un remontant : un petit verre d’apéro et quelques rondelles de saucisson breton bien mérités…
Hop, trop tard, ils sont passés : deux vététistes, le sourire aux lèvres, sont arrivés comme des bombes, nous surprenant tous pendant notre installation d’apéro nudien. "Je crains qu’ils nous perçoivent comme des alcooliques". Qu’importe! la journée est trop bien commencée, il est 14h, il est temps de manger et rien ne pourra me gâcher cette journée, même deux vététistes moqueurs.
Après un court repas, un second verre ( pour la route ) au café du bourg, avant de regagner la vie textile.
Je ne pouvais pas finir cette journée habillé, c’était trop dur ! Je me suis donc naturellement dirigé vers ma plage afin de lézarder encore quelques heures nu sur mon caillou. Repos bien mérité après quatre heures de marche et autant d’émotion.
J’ai signé pour la suivante, si le temps le permet…